FRANCK HAMEL photographe culinaire
FRANCK HAMEL photographe culinaire
La Batignollaise – Vous êtes un photographe plutôt jeune, puisque vous êtes né en 1979, mais je trouve que vos photos révèlent une grande maîtrise. Comment êtes-vous devenu photographe ?
Franck Hamel – J’ai commencé la photographie lorsque j’étais au lycée. Le métier de photographe m’a toujours fait rêver, je voulais devenir photographe avant même de faire de la photo. Puis, j’ai rencontré un photographe professionnel à qui j’ai expliqué que je voulais faire ce métier. Il m’a tout naturellement demandé si j’avais un appareil photo. Je n’en avais pas. Il m’a dit de commencer par là. J’ai acheté un Nikon FA avec un 35 mm, Il m’a appris les bases, la notion de profondeur de champs, de cadrage… et m’a dit que pour réussir une photo il n’y a pas de secrets, il faut en faire, en faire et en faire… Depuis, je n’ai jamais arrêté.
Après des études en Arts Plastiques, je suis parti en Roumanie où j’ai collaboré avec l’Agence Mediafax puis avec le magazine franco-roumain « regard ». Par la suite, j’ai travaillé comme photographe de reportage au Vietnam puis au Maroc. De retour en France, j’ai très vite compris qu’il allait m’être difficile de vivre de la photographie de reportage et, après avoir sondé le milieu de l’édition, j’ai décidé de me spécialiser dans la photographie culinaire.
Quels sont vos photographes préférés ? Depuis mes débuts, j’ai découvert et aimé l’univers photographique de nombreux photographes mais si il fallait en citer qu’un, je dirai Henri Cartier-Bresson pour son sens de la composition.
Une photo réussie c’est quoi selon vous ? Pour moi, une photo réussie c’est une photo qui créé chez le spectateur une émotion unique.
Sur votre site on voit beaucoup de photos de reportage de voyages qui n’ont rien à voir avec la photographie culinaire. Comment êtes vous venu à la photo culinaire ? La photographie culinaire n’est pas venue immédiatement malgré une forte sensibilité pour la cuisine. A mon retour en France en 2010, j’ai décidé d’orienter mon travail vers le culinaire car j’ai senti qu’il y avait une demande. Cela m’a permis de découvrir un univers qui finalement me correspond parfaitement car je suis gourmand, passionné de cuisine et de bons produits.
Est-ce que vous avez décidé de vous consacrer exclusivement à la photographie culinaire ou bien vous allez continuer à pratiquer d’autres types de photographie ? Je continue toujours de faire du reportage mais sur des sujets orientés cuisine. 2012 a été très riche en projets et 2013 débute avec l’ouverture à Rennes du Centre Culinaire Contemporain. Il s’agit d’un espace entièrement dédié à la recherche et à la création culinaire auquel je suis associé en tant que photographe collaborateur.
Vos photographies culinaires sont vraiment très belles. Pouvez-vous me dire quelle est votre photographie préférée ? C’est une question difficile. Ma photographie préférée est celle que je ferai demain.
Qu’est-ce qui selon vous est le plus difficile à photographier ? Il y a des produits qui sont plus simples que d’autres à photographier mais cela dépend également de la sensibilité du photographe. Le plus difficile à photographier ce sont les plats en sauce car ils figent vite et la brillance de la sauce crée des reflets.
Est-ce que vous pourriez me confier une ou deux petites astuces pour réussir une belle photo culinaire ? Pour moi, le secret d’une bonne photo culinaire est la lumière. Je suis un adepte de la lumière naturelle qui permet de sublimer les plats et les produits. Il ne faut jamais mettre de flash direct sur un plat ou un produit, il faut soigner le fond et tourner autour du sujet.
Quelles sont les qualités que doit avoir un bon photographe culinaire ? Pour être un bon photographe culinaire il est impératif d’avoir une connaissance de la cuisine et des produits, de fréquenter l’univers culinaire au sens large de l’agriculteur jusqu’au chef et de comprendre le parcours du produit. Je pense que le fait de cuisiner est un atout pour un photographe culinaire. Connaître le plat permet de faire une photo gourmande qui donne envie de goûter.
J’aime également photographier les produits bruts, sortir un légume ou un fruit du banal statut d’aliment quotidien et tenter d’en réaliser une image artistique : recherche autour de la pistache ou du chou de Bruxelles par exemple.
Sur le plan technique, avec quel type de matériel travaillez-vous ? Je ne suis pas un fana de matériel, j’aime les produits robustes, simples d’utilisation et sur lesquels on peut compter. Je travaille avec un boîtier 5DMIII et pour la plupart de mes photos culinaires j’utilise le 100 mm macro 2.8 de la série L Canon qui est vraiment excellent comme objectif avec un piqué incroyable. Lorsque je suis en reportage, j’utilise le 24-105 f.4 L de Canon, il manque un peu de luminosité mais on gagne en poids et puis la stabilisation permet de descendre assez bas dans les vitesses.
Vous travaillez en lumière naturelle le plus souvent possible. Est-ce que vous pouvez parler de votre installation, de votre façon de travailler… Je travaille le plus souvent possible en lumière naturelle car c’est pour moi le moyen le plus efficace pour mettre en valeur les produits. Cependant, je suis totalement dépendant de la lumière (ou du manque de lumière) et je dois m’adapter en permanence. Mon passé de photographe de reportages m’est d’un grand secours car en reportage le photographe doit s’adapter à la lumière dont il dispose le jour J. Pour orienter et concentrer la lumière, j’utilise différents réflecteurs. Dans les cas extrêmes où la lumière naturelle n’est pas suffisante, j’utilise un système d’éclairage à LED qui a l’avantage de ne pas chauffer et d’être économe en énergie.
Vous avez travaillé avec des chefs, lesquels ? J’ai eu la chance de croiser le chemin de plusieurs chefs comme Gilles Le Gallès, Eric Guérin, Christian Le Squer, Hisato Nakahigashi, Motokazu Nakamura ou Yoshihiro Takahash… mais également Alexandra Beauvais, une cuisinier-auteur avec qui je travaille de manière régulière.
Est-ce qu’il y a un chef avec qui vous aimeriez beaucoup travailler ? Il y a beaucoup de chefs avec qui j’aimerais travailler un jour. Olivier Roellinger en fait partie. C’est quelqu’un de passionné qui réalise une cuisine créative dont chaque plat est une invitation au voyage.
Est-ce qu’il y a quelque chose en matière de photographie culinaire que vous aimeriez particulièrement faire ? J’aimerais beaucoup dans les années à venir réaliser un beau livre de cuisine avec un chef car pour moi le livre est un objet qui reste, qui s’offre et qui se partage.
Merci Franck. Tous les ingrédients semblent réunis pour un beau livre avec … Olivier Roellinger. C’est ce que l’on peut vous souhaiter non ?
La Batignollaise vous recommande une visite sur le site de Franck Hamel pour découvrir son merveilleux travail. Régal des yeux et des papilles garanti, ses photos sont magnifiques.
Vous pouvez également consulter son book en ligne .
Et si la photographie culinaire vous passionne, rendez-vous dans la catégorie éponyme.
Merci beaucoup Anne pour cet interview. Très bonne continuation et à bientôt !