Jean-Marie Liot, photographe culinaire

Jean-Marie Liot, photographe culinaire

septembre 12, 2019 Non Par Anne A
Portrait de JM Liot par J Vapillon
Jean-Marie Liot.

La Batignollaise : Initialement vous êtes un photographe de mer ?

Jean-Marie Liot : J’ai toujours fait du bateau, et donc la profession de photographe de mer s’est imposée à moi assez naturellement pour me permettre de lier le bateau à un métier. J’ai commencé la photo de bateau, en 1992, j’avais 21 ans et je n’ai fait que çà pendant 25 ans. Ce métier m’a amené à naviguer beaucoup avec les skippers, à partir un peu partout à travers le monde, à faire des sujets pour les magazines, pour les sponsors, pour les organisateurs de courses. On est sous l’eau dans les embruns, avec des cirés, en hélicoptère, on part sur un bateau à moteur, on change de paysages des Antilles au cap Horn ou la Nouvelle Zélande…

Et pendant tout l’hiver, le suivi des courses aux antipodes, sous le soleil se combinent avec les sujets pour les magazines de la presse spécialisée, et les suivis photos des périodes de bateaux en chantier à terre afin de préparer la nouvelle saison de courses..

LB : Comment le photographe de bateau devient-il photographe culinaire ?

JML : Je suis breton, né à Pontivy. Mon grand-père, Louis Robic avait un restaurant, une institution à Pontivy. Racheté il y a quelques années, le restaurant a gardé son nom « Chez Robic ». Ce n’est peut-être pas tout à fait le hasard si je me suis lancé en 2010 dans la photographie culinaire. On sait bien comment les bons souvenirs d’enfance peuvent avoir une incidence sur nos choix d’adulte…

Il y a quelques années j’ai eu envie de développer un autre pan de la photographie, l’activité de studio. Et donc l’activité photo culinaire.

Jolis poissons argentés
PHOTO © JEAN-MARIE LIOT – WWW.JMLIOT.COM

J’ai toujours aimé l’humain, le contact, le relationnel. Si vous prenez un skipper je peux vous dire qu’il va vous parler pendant des heures de sa course, il ne peut pas décrocher.  Sa seule envie c’est de repartir, pour revivre tout çà. La rencontre d’un chef, est assez similaire de la rencontre avec un skipper. Dans les deux cas c’est avant tout une rencontre de gens passionnés par ce qu’ils font.

Quand vous allez voir un producteur, par exemple quelqu’un qui crée du cidre, c’est une personne qui fait les choses à cœur. Un chef c’est pareil. C’est très intéressant de voir ces passionnés travailler leur produit. C’est un des aspects de la photographie culinaire, la rencontre. Je ne retrouve pas ça dans les photos de naissance, de famille ou de mariage.

Le chef Ludovic Allard au travail
Ludovic Allard, chef de la Source à Vannes. Photo Jean-Marie LIOT

LB : Sur le plan technique, c’est différent ou il y a des similitudes ?

JML : La photo de bateau est techniquement difficile mais le culinaire en studio tout autant. On va tout créer en studio. C’est très technique pour arriver in fine à sortir des choses qui font rêver, qui donnent envie.

En photographie culinaire, il faut aller vite parce que le produit bouge. C’est comme un bateau que vous photographiez avec une vague, la seconde d’après il n’y a plus la vague. C’est passionnant et cela doit se voir dans les images.

De belles crêpes avec une sauce au chocolat

J’aime beaucoup « chiader » la lumière. Je n’hésite pas à refaire mes prises de vue jusqu’à vraiment obtenir la lumière qui me plait. Et puis il y a beaucoup de petites astuces pour gonfler un burger, maintenir de l’eau perlante… c’est amusant.

LB : Quel matériel utilisez-vous ?

JML : Pour tout ce qui est reportage ou extérieur : c’est du Canon, du 14 au 500 mm. En studio un peu de Canon pour certaines choses ou du Pentax Moyen format. Pour l’éclairage c’est Broncolor qui depuis 2010 me fournit toutes mes lumières, boites à lumière, et l’ensemble des générateurs et des torches.

LB : Qu’est-ce que vous aimez en matière d’éclairage ? 

JML : J’aime recréer des lumières simples. Donner l’impression que la lumière est simple, mais j’ajoute une petite touche personnelle pour que la différence se ressente mais que l’on n’identifie pas forcément. Je privilégie les éclairages avec une seule source d’entrée et après je tourne autour et je me débrouille. Comme avec le soleil… il n’y a qu’un point d’entrée… et on fait avec.

LB : Vous faites du culinaire en lumière naturelle ?

JML : La prise de vue des légumes en lumière naturelle c’est très intéressant comme travail photographique : de la lumière naturelle sans flash avec des réflecteurs, et pourquoi pas un petit miroir…

LB : Est-ce qu’il y a, selon vous, des tendances en matière de photographie culinaire ?

JML : Aujourd’hui on fait du produit mais mis en scène, comme une recette. On veut donner l’idée que c’est fait à la maison. L’idée du Packshot (produits sur fond blanc) s’applique toujours aux entreprises agro. Mais la tendance est vraiment à de belles mises en scènes, simples et efficaces.

Fromage de chèvre coupé pot JM Liot

LB : Votre péché mignon en photographie culinaire ?

JML : J’aime beaucoup faire les prises de vue des desserts, du sucré… c’est une démarche différente de celle des plats en sauce. Mais tout me plait, j’aime beaucoup les produits bruts, les récupérer du marché tout frais, ils n’ont pas encore bougé. On doit les photographier rapidement et les rendre beaux. C’est passionnant. Je peux dire que j’aime faire de belles images avec des produits simples.

Belle tarte aux fraises JM Liot
Tarte aux fraises.

LB : Comment envisagez-vous votre avenir de photographie culinaire ?

JML : Je connais bien les médias de par mon activité photographie de mer. Je souhaite continuer à développer les prises de vues pour les entreprises agro, en alliant les médias et les chefs.

Belles asperges photographiées par JM Liot

Pour découvrir tout l’univers de Jean-Marie Liot, faites un tour sur son site.

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